La Mort comme projet expressif : moment qui complète le projet de « ierosemia » ( néologisme, c'est-à-dire faire de la langue un culte sacré).*
* [ Introduction , page XVIII, Hostia, Giuseppe Zigaina, ed. Marsilio]
“Quando qualcuno di essi entra a far parte del mondo degli "altri" (gli adulti, la gente che lavora) cessa di interessare l'autore. È emblematica in questo senso la sorte che Pasolini riserva al Riccetto, il personaggio più importante del romanzo. A partire dal capitolo quinto, l'autore lo sospinge dal primo piano sullo sfondo, in un certo senso lo emargina, relegandolo al ruolo di spettatore estraneo, quasi di intruso. Significativamente poi, alcuni personaggi adolescenti muoiono prima di entrare nella vita adulta (Marcello, Genesio).”
“ con montaggio illogico, si vedrà poi,
lui che cammina in una periferia
ancora più remota: siepi
gocciolanti, muretti di vecchi
casolari…e, un improvviso spazio,
quel vuoto di libertà campestre,
ecco cani che abbaiano, voci festose
di ragazzi –quelli del Mille,
o del futuro più lontano. Un piccolo
colpo di pistola. E ‘fine‘ »
(Poesia in forma di rosa)
-2 novembre du ’75, journée des morts, hydrobase du port d’ Ostie, un petit champ de football et une palissade qui le sépare d’une ou deux baraques.
Madame Maria Teresa Lollobrigida est en train de rentrer chez elle avec sa Citroën accompagnée par son fils Giancarlo. En s’approchant à la maison, elle voit quelque chose dans la rue. Elle s’adresse alors à son fils et elle dit: « regarde ces gens qui jettent ordures devant notre maison… » En s’approchant elle découvre qu’il s’agit d’un corps d’homme : « il avait la tête fracassée, les cheveux collés avec du sang… »
La police arrive… ils identifient dans le corps l’artiste Pier Paolo Pasolini !
« Quand son corps vint retrouvé, Pasolini gisait étendu à plat ventre, un bras sanglant écarté et l’autre caché par le corps. Les cheveux collé de sang…. » (Expertise médico-légale qui assura la morte de Pasolini, apparu dans le Corriere della sera le 2 novembre 1977).
La morte de Pasolini représente, paradoxalement, un des moments, les plus vivants de tout son parcours humain et artistique. A cause des caractéristiques de crudité et de désolation, d’atrocité mais quand même de sinistre douceur, cette morte du 2 novembre 1975 devient le plus suggestif et poétique sceau auquel son existence put aspirer.
Il n’y a rien dans cette morte, qui ne regarde complètement Pasolini et sa mythologie esthétique : de l’endroit où elle s’est passée, l’hydrobase de Ostie, au protagoniste du crime : le garçon Giovanni Pelosi, de dix-sept ans de la banlieue romaine, si semblant aux figures de la « borgata » que Pasolini a évoqué et représenté plastiquement pendant toute sa production. La physionomie de Pelosi rappelle en effet l’image archétypique de beauté adolescente, représentée par un garçon bouclé les cheveux sur le front et les yeux piquants que le poète poursuivra jusqu’aux moments extrêmes de sa vie, emerge depuis ses premiers dessins de Casarsa. Cette imagine archetipique remonte au 1943 et coïncide avec celle de Ninetto connu à Roma quelques année plus tard. Même la demande qui se cachait derrière cette rencontre, est partie intégrante d’un dessin mystérieux que Pasolini avait toujours avec soi-même.
Il est le Pasolini de la deuxième vie qui a conduit l’artiste à la morte, Le Pasolini caché dans les nuits romaines, un Pasolini poussé par ses désirs charnels et physiques.
Il est ce Pasolini, qui en sortant du restaurant « il Pomodoro » dans l’arrondissement de San Lorenzo, croisa, aux alentours de la gare Termini, la vie d’un garçon assez pauvre de dix-sept ans, qui passait les soirées avec les amis de borgata. L’intermédiaire pour ce rencontre était un dîner dans un endroit sur l’Ostiense (rue de Rome qui porte à la route principal pour Ostie,) que Pasolini offrit au garçon. Donc l’argent comme moyen pour arriver à son but. Sans aucune moralité et sans une ombre de piétisme. Pasolini avait besoin de ce corps-là : il l’aurait acheté. Peut être l’échange n’a pas été si clair à tous les deux. « difficile, in questo senso, non intendere la linea di drammatica e coerente fatalita che associa il vitalismo poetico – e la sua massima realizzazione espressa dai modi dell’esperienza fisica e sessuale – all’impulso di morte cui carnalmente e simbolicamente si ricongiunge”(Andrea Miconi, Pier Paolo Pisolini- la poesia, il corpo, il linguaggio, ed Costa & Nolan 1998 p12).
De ce point de vue on comprend que la morte va devenir le point duquel on doit partir pour commencer une analyse à reculons, qui nous fera mieux comprendre les limites de cet homme génial qui a contribué à élargir les confins de la mentalité italienne. Nous entrerons en collision avec les mêmes termes que Pasolini s’est toujours attribué : concepts comme « coerenza » et « contraddizione », mots qui peuvent être les confins idéals de son existence.
La morte naît parce que celui qui l’a trouvée était surtout à la recherche de la vie, vue comme phase où on essaie à trouver un équilibre, où on poursuit des désirs et on cherche à les exaucer. Mais lorsque ces désirs ne sont pas accepté par la mentalité commune, il est alors impossible d’en sortir vivants. Pasolini n’acceptait pas de rester inexprimé, il ne voulait pas finir avec des regrets,et alors il s’est dirigé physiquement sur les lieus de son propre désir et il a bien ouvert ses yeux dans l’obscurité de la solitude artistique pour observer tous les couleurs des objets des ses désirs et en regardant trop, il s’est crevé les yeux. Pasolini voulut (uscire allo scoperto) et se vivre.
Et la nuit de 2 novembre 1975 parait à plusieurs le point de départ pour découvrir le vrai Pasolini. Car Pasolini était d’un coté un homme intellectuel, qui pouvait s’exprimer avec n’importe quelle prise de position, même à travers un emploi négatif et destructeur de la réalité. Mais de l’autre côté il était de toute façon un artiste, c'est-à-dire une personne qui a besoin de points de repère formels pour pouvoir s’exprimer, et donc besoin d’affirmation et de constructions.
Mais Retournons à deux jours avant à les derniers jours…
Nous sommes a Stockholm, Pasolini écris une dédie au traducteur qui l’avait accompagné. Dans ces lignes, il parle des impressions qu’il avait dans cette nuit-la. Il dit : « …dans mon cœur le fil d’une vie (la mienne) qui n’intéresse plus. 30 octobre 1975 ».
On peut interpréter cette phrase comme une prémonition à ce qui est arrivé 2 jours plus tard, mais plus simplement cette dédie est le dernier symbole expressif qui résume toutes les théorisations que Pasolini fit dans sa vie d’artiste.
Les Italiens ont découvert le langage muet du corps massacré de l’artiste.
Cette mort, représente la scène qui pourrait être placé à la fin de toutes ses ouvres d’art, celles-ci avec un system de langage constitué par les «linsegni » et celles-la du system des « im-segni » : la littérature et la cinématographie. Mais pourquoi pense-on ça ?
Pasolini avait dit dans un communiqué à l’Ansa : « L’ambiguïté importe jusqu’au quand l’Ambigu vit » et on peut bien penser que cet Ambigu soit Pasolini. Donc avec la mort de l’Ambigu on arrive à la fin de l’ambiguïté et au début du « déchiffrement » de son jargon.
Pour interpréter un system communicatif, il faut faire ordre dans le chaos apparent du system subjectif qu’on veut déchiffrer et il faut trouver le fil conducteur dans un discours implicite de l’auteur. D’ailleurs Pasolini lui- même nous ouvre la route à cette typologie d’interprétation :
La mort est la porte qui nous ouvre cette route, Pasolini la compare au montage, il dit qu’elle prend les moments les plus significatifs de la vie, et les met en succession, en faisant du notre présent chaotique, linguistiquement pas descriptible e pas analysable de façon cohérent, un passé clair, ordonné donc linguistiquement bien descriptible, prêt à être déchiffré !
Il ne m’intéresse pas de démontrer que Pasolini projetait sa mort, (c’est une argumentation que déjà beaucoup de personnes ont poursuivie, sans pouvoir aller évidemment jusqu’au bout)
Il m’intéresse, par contre, de réussir à entrer dans la tête d’un artiste\théoricien comme Pasolini, pour partager dans quelques pages sa vision sur les problèmes de la vie.
Je chercherai d’avancer mon but, en utilisant la « langue et la parole »1 de Pasolini, en effet j’aurai accès seulement à la « parole », c'est-à-dire seulement au film déjà monté, mais je chercherai de revenir en arrière et d’entrer dans l’espace de sa « langue » (le cinéma) en m’aidant avec ses ouvres théoriques.
Une atmosphère d’esthétisme funèbre se répand dans toutes les poésies juvéniles de Pasolini. Dans « Nini muart » on évoque un Narcisse meurt :…………..
Pasolini imagine soi-même mort en regardant le monde de Casarsa, il se sentait séparé de la ville par un limite infranchissable, il explique cette sensation dans « ciants di un muart »de « La meglio gioventù » ( « la meilleure jeunesse »).
« Il di da la me muart » (« le jour de ma mort ») contient une des plusieurs images de mort, que lorsque on les lis a posteriori, on peut penser à une fin préméditée de Pasolini.
Dans les sonnettes écrits pendant les premiers mois de la permanence à Rome, la figure du fantôme sert à Pasolini pour exprimer son extranéité d’un monde inconnu, et pendant ces années, dans lesquelles il habitait dans la banlieue de Rome, dans « la borgata » il a développé un sentiment d’exclusion social : il avait du mal à se sentir partie du monde bourgeois et il ne pouvait pas être un sous-prolétaire.
Le thème de la morte acquiert un nouvel épaisseur dans les éprouves narratives, ou l’idée de Gramsci d’un ouvre national – populaire, c'est-à-dire épique, exige un sacrifice final.
Meurent Accattone et Tommasino( le protagoniste de « une vie violente »), meurt Eligio ( un des 3 garçons du Frioul dans « le rêve d’une chose »), meurt en noyant Genesio en face du Riccetto qui le regarde sans intervenir., meurt Ettore, le fils de Mamma Roma, sur le lit de contention de Regina Coeli, meurt pour indigestion de « ricotta » la figuration Stracci qui doit interpréter le voleur bon dans le film de la crucifixion.
Dans l’entretiens avec Stack, Pasolini explique que la mort représente pour lui-même le maximum de l’épique et du mythe. Sa recherche du sacré et du mythe implique nécessairement une catharsis funèbre et c’est pour cette motivation que la morte devient pour le poète un empreinte stylistique. L’idée fondamentale est le sens d’irrésolution de ce nœud essentiel qui devient la partie la plus indaguée dans le parcours intellectuel de l’auteur.
L’anxiété métaphysique crée le sentiment du sacré, dans le sens de région abstrait pas accessible à la raison.
Pasolini prend une position contraire à l’idéologie posée par la seule imposante religion occidentale : le catholicisme. Le catholicisme est la promesse qu’au-delà de la vie il y a un autre monde, dans les films du réalisateur cette promesse est détruite, il n’y a pas une autre vie. Mais la morte, comme phénomène physique, est toujours présente,et devient la seule chose qui donne une vraie grandeur à l’homme, la grandeur de l’homme se trouve dans sa tragédie. Ce sens de sacralité de la vie, fourni par l’idée de sa fin, pousse l’homme à l’action pour lui faire laisser ses traces, et met Pasolini en antithèse avec l’idée de l’immortalité de l’âme.
La conception de l’immortalité de l’âme et la promesse d’un monde plus juste après la morte,qui ont des aspect très utilitaires, rend l’homme catholique toujours projeté dans l’au-delà et crée dans le croyant un faux refuge dans la non action, ou dans l’action conventionnelle.
Dans le cinéma populaire, chapitre de l’ « Expérience Hérétique » Pasolini entreprend une analyse métalinguistique sur le thème «Liberté de l’auteur et libération des spectateurs ». Même ici, son analyse nous porte directement à l’idée de la morte.
Il considère la morte comme la seule choix que l’homme peut embrasser pour trouver la liberté : «Liberté enfin signifie liberté de choisir la morte ». Vivre est un devoir, il est confirmé par le naturel instinct de conservation que tous les êtres vivants ont, et ceci est une conception qui rapproche même les catholiques et les communistes. Pour les premiers la vie est sacrée parce qu’elle est un don de Dieu ; pour les seconds il faut vivre pour accomplir notre devoir vers la société. La nature reste de tout façon plus ambigue par rapport aux idéologies « politiques », en effet elle nous donne aussi l’instinct opposé, c'est-à-dire le désir de mourir. Les seuls individus qui ont la faculté de rendre explicite ce conflit sont les auteurs, et ils expriment la liberté toutes les fois qu’ils entreprennent un attentat d’automutilation à la conservation. Ils expriment la liberté seulement à travers un petit ou un grand martyre publique et donc avec une coté d’exhibitionnisme, qui vient complété par le bourreau conservateur. Et paradoxalement c’est ça que le vrai auteur fait, au niveau stylistique, lorsque il écrit. Il doit toujours se placer sur la mince ligne de l’invention, il doit violer le code et créer une autre loi pour rétrocéder une autre fois et se retrouver encore sur la ligne de la guerre continue… « L’important n’est pas le moment de la réalisation de l’invention, mais le moment de l’invention. »
22.00 le premier novembre 1975. « Les gens sont odieuses . en arrivant au restaurant je toujours marché à tête bas, je ne voulait pas regarder personne » C’est ça que Pasolini dit à son cher ami Ninetto pendant la dinner.
Il est a’ nouveau nuit sur cette partie de l’hémisphère. Rome et l’Italie entière ont célébré la festivité de la Toussaint, ancien restant de la tradition Christiane. Depuis 2 semaines il est automne, les premières rafales de vent se lèvent sur les anciennes et séculières routes de la capitale, en caressant les grands gazons d’herbe. L été passé est loin, comme les journées où Pasolini écrivait « Petrolio » dans son château de Chia.
Si tout ça fuisse un film avec un final pas encore écrit, tourné avec cette technique-la
du cinéma de la poésie, où les cadres doivent reproduire physiquement la réalité psychologique du personnage Pasolini, qui s’approche à la porte du restaurant « il Pomodoro » avec Ninetto Davoli et sa famille,est à tête baisse, entre…….XXX ???
alors cette brève séquence devrait exploser et recréer le chaos des sensations, pour décrire tout cela qui est contenu dans le dernier geste.
Je voudrais rappeler Pier Paolo avec les paroles de P.V. Tondelli dans « un weekend post modern» « Le jour dans lequel Pasolini fut tué, Il se serait recueilli en silence,chez une amie, et ensemble ils auraient écouté, émus, un hymne de Francesco De Gregori
que dit “: “prima parlava strano e io non lo capivo
però il fumo con lui lo dividevo
…………………………….……….
hanno ammazzato Pablo, Pablo è vivo”
(« Avant il parlait de façon incompréhensible et je ne le comprenais pas
mais on partageait la fumée, moi et lui
……………………………………..
Ils ont tué Pablo, Pablo est vivant »)
1 « Empirismo eretico» Pier Paolo Pasolini, Garzanti2000 pag240 « Mais dans le moment dans lequel il y a l’acte du montage, c'est-à-dire quand on passe du cinéma au film,( qui sont deux choses très différentes, comme la langue est différente de la parole) il arrive que le présent devienne passé »
BIBLIOGRAPHIE
« Empirismo eretico » 1972, Pier Paolo Pasolini, ed. Garzanti, 2003
“Pisolini” Revue d’Esthetique, 1992, JeanMichelPlace
“Il cinema di Pier Paolo Pisolini”1977, Adelio Ferrero, ed. Tascabili Marsilio 1994
“Ragazzi di vita” 1955, Pier Paolo Pisolini, ed. Garzanti elefanti 2002
“The new Oxford annotated Bible”, ed. college edition oxford 1989
“ L’amore e l’occidente”1939, Denis De Rougemont, ed. Bur saggi, 2001
“ Hostia: Trilogia della morte di Pier Paolo Pasolini”(“Pasolini et la mort) 1995
FILMOGRAPHIE
“ACCATTONE” 1961
“MAMMA ROMA”1962
“LA RABBIA”1963
“COMIZI D’AMORE”1963-64
“IL VANGELO SECONDO METTEO”1964
“UCCELLACCI UCCELLINI”1965
“EDIPO RE”1967
“CHE COSA SONO LE NUVOLE”1967
“LA SEQUENZA DEL FIORE DI CARTA”1968
“PORCILE”1968-69
“I RACCONTI DI CANTERBURY”1971-72
“IL FIORE DELLE MILLE E UNA NOTTE”1973-74
“SALÒ O LE120 GIORNATE DI SODOMA”1975